Représentation des groupes dignes d’équité dans les arts et la culture
Une analyse chiffrée des niveaux de dotation en personnel au Canada
L’article d’aujourd’hui offre une étude détaillée de plusieurs sources de données concernant la diversité de la main-d’œuvre dans le secteur des arts et de la culture au Canada.
L’étude comprend :
une nouvelle analyse des données de Statistique Canada sur la diversité parmi les cadres supérieur-e-s des organismes à but non lucratif dans le domaine des arts et de la culture ;
des indicateurs financiers clés pour différents groupes d’artistes et de travailleur-se-s du secteur culturel, sur la base des résultats de mon enquête récente ;
une récapitulation de mes analyses des données du recensement sur la diversité des artistes, des leaders artistiques et de l’ensemble des travailleur-se-s du secteur culturel, y compris une comparaison des revenus.
Les conclusions se concentrent sur les groupes suivants, qui, mis à part la terminologie utilisée pour les désigner, sont relativement cohérents entre les diverses sources de données :
Les femmes
Les personnes non binaires
Les peuples autochtones
Les personnes racisées
Les personnes handicapées
Constats de mon enquête récente et des données du recensement
Mon enquête récente auprès d’artistes et d’autres travailleur-se-s du secteur culturel au Canada révèle qu’il existe d’importants problèmes d’accessibilité financière. Ces difficultés sont particulièrement prononcées pour les personnes qui s’identifient comme IBPOC, sourdes et/ou ayant un handicap, ainsi que pour les personnes de genres divers. Le graphique ci-dessous illustre la situation de divers groupes d’artistes.
Les obstacles systémiques sont courants : 78 % des artistes et 63 % des travailleur-se-s du secteur culturel non artistes ont rapporté avoir fait face à de tels obstacles au cours de leur carrière.
Mon analyse des données du recensement a traité des enjeux cruciaux de représentation et d’équité dans les arts. Voici quelques-unes de mes conclusions concernant le genre, avec des liens vers des articles en anglais :
Les personnes transgenres et non binaires sont bien représentées parmi les leaders artistiques et dans l’ensemble des professions culturelles (par rapport à l’ensemble de la population active).
Les artistes transgenres et non binaires gagnent des revenus inférieurs à ceux des femmes artistes cisgenres, dont les revenus sont inférieurs à ceux des hommes artistes cisgenres.
Cette même « hiérarchie » des revenus est observée pour l’ensemble des travailleur-se-s du secteur culturel.
Dans les professions de leadership artistique, les leaders transgenres et non binaires gagnent moins que les femmes cisgenres, qui ont des revenus similaires à ceux des hommes cisgenres.
Chez les peuples autochtones :
Leur représentation est légèrement plus faible chez les artistes que dans l’ensemble de la population active. Elle est encore plus faible parmi l’ensemble des travailleur-se-s du secteur culturel et des leaders artistiques, comparativement aux artistes et à la population active en général.
Les revenus des artistes et des leaders artistiques autochtones sont nettement inférieurs à ceux des artistes et leaders artistiques non autochtones, qu’il s’agisse de femmes ou d’hommes.
Dans l’ensemble des travailleur-se-s du secteur des arts, de la culture et du patrimoine, il existe un écart de revenu substantiel entre les personnes autochtones et non autochtones, bien qu’il y ait très peu de différence entre les revenus des femmes autochtones et les hommes autochtones.
En ce qui concerne les personnes racisées :
Leur représentation dans le secteur des arts et de la culture est plus faible que dans l’ensemble de la population active.
Parmi les artistes, les revenus des femmes et des hommes racisé-e-s sont particulièrement bas.
Dans les professions de leadership artistique, les hommes et les femmes non racisé-e-s gagnent beaucoup moins que leurs homologues non racisé-e-s occupant les mêmes types de professions.
De même, dans l’ensemble des professions culturelles, les revenus des hommes et des femmes racisé-e-s sont inférieurs à ceux des personnes non racisées.
Le recensement ne fournit pas de données détaillées sur les personnes sourdes et handicapées.
La diversité parmi les cadres supérieur-e-s des organismes culturels à but non lucratif
Une nouvelle enquête de Statistique Canada a révélé que presque tous les organismes artistiques et culturels (95 %) emploient des cadres supérieur-e-s rémunéré-e-s, avec une moyenne de deux cadres supérieur-e-s par organisme.
Comparé à d’autres secteurs à but non lucratif, le secteur des arts et de la culture affiche une forte proportion de cadres supérieur-e-s non binaires ou ayant un handicap. En revanche, les proportions de femmes, de personnes autochtones et de personnes racisées parmi les cadres supérieur-e-s sont dans la moyenne pour ce secteur.
Comme le montre le graphique ci-dessous, dans les organismes artistiques et culturels :
1,5 % des cadres supérieur-e-s sont non binaires, ce qui représente la proportion la plus élevée parmi les 11 secteurs sans but lucratif, bien supérieure à la moyenne de l’ensemble des organismes sans but lucratif (0,5 %).
4,4 % des cadres supérieur-e-s ont un handicap, ce qui place le secteur au deuxième rang des secteurs sans but lucratif et au-dessus de la moyenne de l’ensemble des organismes sans but lucratif (2,7 %). Le secteur de la santé détient la plus forte proportion de cadres supérieur-e-s ayant un handicap (4,5 %).
56,5 % des cadres supérieur-e-s sont des femmes, ce qui place le secteur au septième rang sur les 11 secteurs sans but lucratif, un chiffre proche de la moyenne de l’ensemble des organismes sans but lucratif (56,3 %). Le secteur de la santé compte la plus grande proportion de femmes parmi les cadres supérieur-e-s (72,6 %).
2,9 % des cadres supérieur-e-s sont autochtones, ce qui place le secteur au sixième rang, supérieur à la moyenne de l’ensemble des organismes sans but lucratif (2,0 %). Le secteur de la santé présente la plus grande proportion de cadres supérieur-e-s autochtones (4,2 %).
10,0 % des cadres supérieur-e-s racisé-e-s, ce qui correspond au cinquième rang des secteurs sans but lucratif, égal à la moyenne globale (10,0 %). Le secteur de l’éducation et de la recherche a la plus forte proportion de cadres supérieur-e-s racisé-e-s (15,2 %).
Liens vers la source de données hors recensement
Statistique Canada. Tableau 33-10-0794-01. Part des cadres supérieurs appartenant à des groupes désignés dans les organismes sans but lucratif, 2023, https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/fr/tv.action?pid=3310079401&request_locale=fr