De graves problèmes d'accessibilité financière pour les travailleur-se-s culturel-le-s au Canada
Et bien d'autres informations sur leurs conditions de travail
Les ressources humaines sont une question très importante dans de nombreux secteurs de la société canadienne, et la culture ne fait pas exception à la règle. L'environnement actuel offre de nombreuses opportunités et de nombreux défis aux personnes qui travaillent dans le domaine des arts, de la culture et du patrimoine. Cependant, on sait relativement peu sur l'état des ressources humaines dans le secteur culturel au Canada, au-delà des statistiques macroéconomiques du recensement et d'autres sources, ou d'informations anecdotiques sur des personnes ou des organismes spécifiques du secteur.
Pressentant un besoin d'information supplémentaire, le Conseil des ressources humaines du secteur culturel (CRHSC) a chargé Hill Stratégies de mener une enquête sur l'accessibilité financière et les conditions de travail dans la carrière des artistes et autres travailleur-se-s culturel-le-s. L'enquête a reçu 1 170 réponses entre le 14 février et le 6 mars 2024, dont 468 réponses de travailleur-se-s culturel-le-s non artistes. Ce résumé se concentre sur les principaux résultats obtenus auprès des travailleur-se-s culturel-le-s, tandis qu'un rapport distinct examine les réponses des artistes.
Plus de huit travailleur-se-s culturel-le-s non artistes sur dix qui ont répondu à l'enquête ont un emploi (83 %), dont 58 % ont un poste permanent et 15 % un poste contractuel. La plupart des travailleur-se-s culturel-le-s qui ont un emploi travaillent pour un organisme à but non lucratif, qu'il s'agisse d'un organisme de bienfaisance enregistré (52 %) ou non (27 %).
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De graves problèmes d'accessibilité financière
L'une des principales conclusions de l'enquête est que beaucoup de travailleur-se-s culturel-le-s sont confronté-e-s à de graves problèmes d'accessibilité financière. En effet, 53 % sont financièrement stressé-e-s et la plupart ne sont pas satisfait-e-s du caractère abordable de leur logement. Pour ces deux indicateurs, la situation des travailleur-se-s culturel-le-s est bien pire que l’ensemble de la population canadienne, comme le montre le graphique suivant.
Concernant leurs revenus provenant de sources artistiques et culturelles, la plupart des travailleur-se-s culturel-le-s (55 %) ont gagné moins de 60 000 $ en 2023. À l'extrémité supérieure des revenus, 11 % des personnes interrogées ont gagné au moins 100 000 $. Il est légèrement plus courant pour les travailleur-se-s culturel-le-s de gagner moins de 20 000 $ que plus de 100 000 $. Les détails sont fournis dans le deuxième graphique.
Deux tiers des personnes interrogées (64 %) estiment que leur taux de rémunération dans leur activité principale dans le domaine des arts et de la culture est faible. Un tiers (32 %) estiment que leur taux de rémunération est adéquat, et seulement 4 % disent qu'il est généreux. Plus des deux tiers des personnes interrogées (69 %) ont indiqué que leurs revenus artistiques et culturels représentent généralement la totalité de leurs revenus personnels.
Compte tenu de leurs difficultés financières, 81 % des travailleur-se-s culturel-le-s ont pris des mesures en 2023 pour tenter de joindre les deux bouts, notamment en réduisant leurs dépenses, en puisant dans leurs économies ou leurs investissements, en recevant l'aide financière d'un autre membre du ménage, en ayant une autre source de revenu et en s'endettant davantage.
Le rapport complet fournit une analyse démographique des principaux indicateurs financiers. L'analyse indique que les défis financiers sont particulièrement graves pour les travailleur-se-s culturel-le-s qui sont sourd-e-s et/ou ont un handicap ainsi que les répondant-e-s qui s’identifie comme autochtones, racisé-e-s, LGBTQ2SIA+, de genres diversifiés, femmes ou jeunes.
Un travail intéressant avec de nombreux défis
La grande majorité des travailleur-se-s culturel-le-s salarié-e-s estiment que leur travail est utile pour leur organisme (87 % des personnes interrogées sont d'accord avec cette affirmation). Cependant, exactement la moitié des personnes salariées ont indiqué qu'elles se sentaient épuisées dans leur organisme.
Le travail non rémunéré est une pratique très courante dans le domaine des arts, de la culture et du patrimoine. La plupart des personnes salariées (69 %) ont déclaré faire du travail supplémentaire non rémunéré, dont 30 % « très souvent », comme le montre le graphique suivant.
En ce qui concerne leur santé mentale, 44 % des personnes interrogées sont satisfaites et 33 % sont insatisfaites.
Lorsqu'il a été demandé aux travailleur-se-s culturel-le-s de choisir parmi une liste de défis rencontrés dans leur carrière, deux choix ont été les plus fréquents : le manque de compréhension du type de travail effectué et le blocage des « gatekeepers » dans le secteur.
La plupart des personnes interrogées (63 %) ont déclaré avoir été confrontées à des obstacles systémiques au cours de leur carrière. L'âgisme et le sexisme sont les plus fréquents (chacun choisi par un tiers des personnes interrogées). D'autres personnes ont été confrontées à des obstacles systémiques liées à la classe sociale, à la race, à la langue, à la capacité ou au handicap mental, à l'orientation sexuelle et à la capacité ou au handicap physique.
Expériences positives, mais incertitude quant à la possibilité de refaire sa carrière de la même façon
Les expériences de début de carrière sont importantes au travail culturel. Parmi dix expériences professionnelles potentiellement utiles, environ deux tiers des personnes interrogées ont choisi un travail ou un emploi spécifique au début de leur carrière (63 %), et environ la moitié ont également choisi le soutien d'autres travailleur-se-s culturel-le-s (52 %).
Le risque d'attrition dans le secteur culturel est élevé : un tiers des personnes interrogées ont très sérieusement envisagé de quitter le secteur en 2023 (33 %), et quelques individus ont effectivement quitté le secteur (3 %). Beaucoup de personnes interrogées sont indécises quant à la possibilité de choisir à peu près la même voie advenant l’option de recommencer leur carrière : le plus grand nombre d'entre elles (35 %) ont répondu « Pas sûr-e. Peut-être ». Seuls 13 % choisiraient définitivement la même voie, et 28 % le feraient probablement. Un assez grand nombre de travailleur-se-s culturel-le-s ne choisiraient probablement pas (19 %) ou certainement pas (5 %) la même voie.
Malgré tous ces défis, la plupart des personnes interrogées (70 %) se sont déclarées satisfaites de leur activité principale dans le domaine des arts et de la culture, dont 31 % qui ont indiqué « très satisfaites ».