Croissance ou déclin des économies culturelles province par province (y compris une analyse des territoires)
Analyse à long terme (2010 à 2022) et changements plus récents (2019 à 2022)
Le présent article analyse l’évolution du produit intérieur brut (PIB) du secteur des arts, de la culture et du patrimoine dans chaque province et territoire, en s’appuyant sur les données récentes de 2022. J’ai ajusté les estimations du PIB pour prendre en compte l’inflation et la croissance démographique (ce que l’on appelle les « changements réels par personne »). L’article met à jour un article de l’année dernière concernant les changements au sein des économies culturelles provinciales et territoriales en 2021.
J’ai récemment examiné les données provinciales et territoriales sur les emplois culturels, en utilisant le même ensemble de données.
Partout au Canada, les économies culturelles provinciales et territoriales n’ont pas suivi le rythme de l’inflation et de la croissance démographique entre 2010 et 2022, sauf pour deux cas. De même, seule l’économie culturelle d’une administration a dépassé les niveaux d’avant la pandémie.
La principale source de données est les indicateurs de la culture par province et territoire en 2022 de Statistique Canada. La mesure économique des arts, de la culture et du patrimoine inclut les domaines suivants :
les écrits et les ouvrages publiés ;
les arts visuels et appliqués ;
l’enregistrement sonore ;
l’audiovisuel et les médias interactifs ;
les spectacles sur scène ;
le patrimoine et les bibliothèques ;
la gouvernance, le financement et le soutien professionnel (incluant les organismes publics, qui sont exclus des autres domaines)
l’éducation et la formation ;
multidomaine.
À la fin de cet article, vous trouverez des remarques supplémentaires concernant l’ensemble de données.
Seuls une province et un territoire ont connu une augmentation réelle par personne de leur économie culturelle entre 2010 et 2022
Le graphique ci-dessous illustre les variations du PIB du secteur culturel entre 2010 et 2022, après redressement pour tenir compte de l’inflation et de la croissance démographique. (La série de données débute en 2010, et 2022 est l’année la plus récente pour les statistiques provinciales et territoriales).
Au niveau pancanadien, l’économie culturelle a diminué de 14 % entre 2010 et 2022 (passant de 1753 $ à 1503 $ par personne), après redressement pour l’inflation et la croissance démographique. Au cours de cette période, 2013 a marqué le sommet du PIB dans le secteur culturel canadien avec 1761 $ par personne, après redressement pour l’inflation.
Parmi les provinces, seule la Colombie-Britannique a enregistré une hausse entre 2010 et 2022 avec une croissance de 4 %, passant de 1671 $ à 1736 $ par personne. L’année record en Colombie-Britannique a été atteinte juste avant la pandémie avec 1771 $ en 2019.
Le Nunavut a également connu une augmentation du PIB culturel réel par personne avec une hausse de 5 %, passant de 1608 $ en 2010 à 1694 $ en 2022. Toutefois, l’année record pour le Nunavut remonte à 2012 où le PIB culturel atteignait 1809 $ par personne.
Entre 2010 et 2022, le PIB culturel réel par personne a légèrement diminué à Terre-Neuve-et-Labrador (-1 %), en Nouvelle-Écosse (-3 %) et dans les Territoires du Nord-Ouest (-7 %) :
Le PIB culturel réel par personne à Terre-Neuve-et-Labrador est passé de 953 $ en 2010 à 939 $ en 2022, avec un pic enregistré en 2013 (1014 $).
En Nouvelle-Écosse, le PIB culturel réel par personne est passé de 1070 $ en 2010 à 1036 $ en 2022, avec un sommet atteint en 2015 (1149 $).
Le PIB culturel réel par personne dans les Territoires du Nord-Ouest était de 2006 $ en 2010 et de 1860 $ en 2022, l’année record ayant été 2011 (2060 $).
Cinq administrations ont enregistré une diminution de 13 % à 19 % de leur PIB culturel réel par personne : la Saskatchewan (-13 %), le Québec (-14 %), le Yukon (-15 %), l’Ontario (-17 %) et le Manitoba (-19 %) :
En Saskatchewan, le PIB culturel réel par personne est passé de 962 $ en 2010 à 841 $ en 2022, avec un pic en 2012 (1070 $).
Au Québec, le PIB culturel réel par personne par personne a diminué de 1678 $ en 2010 à 1450 $ en 2022, le sommet étant atteint dès la première année de la série de données (1678 $ en 2010).
Au Yukon, le PIB culturel réel par personne est passé de 1945 $ en 2010 à 1647 $ en 2022, le sommet étant également atteint dès la première année de la série de données (1945 $ en 2010).
En Ontario, le PIB culturel réel par personne est passé de 2096 $ en 2010 à 1741 $ en 2022, le sommet ayant été atteint en 2015 (2114 $).
Au Manitoba, le PIB culturel réel par personne est passé de 1474 $ en 2010 à 1191 $ en 2022, avec un pic en 2012 (1579 $).
Les provinces ayant enregistré les plus fortes diminutions de leur PIB culturel par personne entre 2010 et 2022 sont l’Alberta (-29 %), le Nouveau-Brunswick (-26 %) et l’Île-du-Prince-Édouard (-21 %) :
En Alberta, le PIB culturel réel par personne est passé de 1588 $ en 2010 à 1132 $ en 2022, avec un pic en 2013 (1698 $).
Au Nouveau-Brunswick, le PIB culturel réel par personne est passé de 1024 $ en 2010 à 753 $ en 2022, avec un sommet en 2012 (1033 $).
À l’Île-du-Prince-Édouard, le PIB culturel réel par personne a diminué de 1027 $ en 2010 à 813 $ en 2022, le pic ayant été atteint dès le début de la série de données (1027 $ en 2010).
Dans toutes les administrations, à l’exception du Nunavut, le PIB culturel en 2022 était plus faible qu’avant la pandémie (après redressement pour l’inflation et la croissance démographique).
Le deuxième graphique de cet article met en lumière les changements récents du PIB du secteur culturel, ajusté pour l’inflation et la croissance démographique. Que remarque-t-on le plus ? Le PIB culturel réel par personne au Nunavut a augmenté de 8 % entre 2019 et 2022.
Toutes les autres administrations ont enregistré une baisse réelle du PIB culturel réel par personne, les plus faibles diminutions ayant été observées à Terre-Neuve-et-Labrador et en Colombie-Britannique (-2 % chacune), et les plus fortes en Ontario (-9 %), au Manitoba (-10 %) et en Alberta (-15 %).
La moyenne pancanadienne était de -8 %.
Remarques
Cet article analyse les estimations de Statistique Canada sur les retombées directes des produits culturels, c’est-à-dire la production de biens et de services culturels par les établissements des industries culturelles et non culturelles.
Statistique Canada définit le PIB du secteur culturel comme la « valeur ajoutée par la production de biens et de services de la culture dans l’ensemble de l’économie, sans égard à l’industrie productrice ».
Les calculs tiennent compte de six principaux secteurs (appelés « domaines » par Statistique Canada), à savoir :
les spectacles sur scène (y compris les arts de la scène, les festivals et célébrations culturelles, à l’exception des organismes publics qui font partie du domaine « Gouvernance, financement et soutien professionnel ») ;
les arts visuels et appliqués (y compris l’architecture, la publicité, l’artisanat, le design et les autres œuvres d’art) ;
les écrits et les ouvrages publiés (y compris les livres, les journaux, les périodiques et les autres activités d’impression) ;
l’audiovisuel et les médias interactifs (y compris la radiotélédiffusion, les films et les vidéos, ainsi que les médias interactifs, à l’exception des organismes publics qui font partie du domaine « Gouvernance, financement et soutien professionnel ») ;
l’enregistrement sonore (et l’édition de musique) ;
le patrimoine et les bibliothèques (y compris les bibliothèques, les archives et le patrimoine culturel et naturel privés, à l’exception des organismes publics qui font partie du domaine « Gouvernance, financement et soutien professionnel »).
Trois domaines connexes sont également inclus, à savoir :
la gouvernance, le financement et le soutien professionnel (y compris, entre autres, tous les lieux culturels publics, qui ne sont pas comptabilisés dans les autres domaines, comme le patrimoine et les bibliothèques, les spectacles sur scène, les arts visuels et appliqués, etc.) ;
l’éducation et la formation (y compris les programmes culturels offerts par les établissements d’éducation et de formation) ;
multidomaine (y compris les éléments qui ne peuvent pas être attribués à un seul domaine).
Les données ne reflètent que les incidences directes et sont donc relativement modestes. Des éléments couramment mesurés, comme les incidences indirectes (la redistribution des dépenses des organismes culturels) et induites (la redistribution des salaires gagnés par le personnel culturel et celui des fournisseurs), sont exclus. Malgré des chiffres plus modestes, cette approche plus ciblée présente des avantages : les estimations sont comparables entre les différentes administrations et avec le PIB d’autres secteurs de l’économie.
Les calculs liés à l’inflation et par personne ont été réalisés à partir des données de l’indice des prix à la consommation, moyenne annuelle, non désaisonnalisé, et des estimations de la population au 1er juillet, par âge et genre.