Les pratiques environnementales dans les organismes et entreprises des arts, du patrimoine et du divertissement au Canada en 2023
Rares sont celles qui ont une politique environnementale écrite ou qui mesurent leur empreinte
En plus de survoler les pratiques environnementales adoptées par les organismes et entreprises des arts, du patrimoine et du divertissement en 2023, le présent article se penche sur leurs projets de mettre en œuvre de nouvelles pratiques au cours de la prochaine année, ainsi que sur les obstacles à la mise en œuvre de telles pratiques.
Cet article est une mise à jour de mon analyse (disponible seulement en anglais) des pratiques environnementales en 2022 au sein des organismes et entreprises (d’au moins un-e employé-e) du domaine des arts, du patrimoine et du divertissement. J’avais alors également publié un article plus général sur les liens qui existent entre les arts et l’environnement.
Heureusement, dans une récente révision de l’enquête dans laquelle j’ai puisé mes données, Statistique Canada a séparé une question en deux aspects : l’une pour les pratiques actuellement en place et l’autre pour les pratiques prévues dans les 12 prochains mois. La formulation précédente, qui regroupait ces deux aspects dans une même question, laissait beaucoup de latitude d’interprétation. En raison de ce changement, toutefois, il n’est pas possible de comparer les données de 2023 avec celles de 2022. (Sans surprise, les organismes qui ont mis en place des actions précises sont moins nombreux que ceux qui en avaient déjà adopté ou qui planifiaient le faire.) Vous trouverez les questions du sondage à la fin de cet article.
La principale conclusion de mon analyse? La plupart des organismes et entreprises des arts, du patrimoine et du divertissement ont adopté certaines pratiques environnementales, mais très peu d’entre eux possèdent une politique écrite ou mesurent leur empreinte.
« Arts, patrimoine et divertissement » est une classification large et bien approximative du secteur artistique et culturel. Cette catégorie (que le sondage du gouvernement désigne par « Arts, spectacles et loisirs ») inclut les arts d’interprétation, les sports-spectacles et activités connexes ; les établissements du patrimoine ; et le divertissement, les loisirs, et les jeux de hasard et loteries. Étant donné la taille de l’échantillon, nous n’avons pas accès à des données qui portent spécifiquement sur les organismes et entreprises de la culture.
Nous devons donc faire un compromis sur la précision et nous référer à cette vaste catégorie qui comporte aussi les entreprises du domaine du divertissement et des loisirs, telles que les parcs d’attractions, casinos, salles de bingo, terrains de golf, centres de ski, marinas et centres de conditionnement physique.
Pratiques environnementales actuelles
Près des trois quarts des organismes et entreprises dans les arts, le patrimoine et le divertissement (APD) ont adopté certains types de pratiques ou de politique écologiques (72 %), une proportion plus élevée que la moyenne de tous les organismes et entreprises canadiens (68 %), mais plus basse que celle des organismes sans but lucratif (80 %).
Le graphique ci-dessous révèle les pratiques environnementales les plus courantes dans les organismes et entreprises des APD : réduire les déchets (53 %), encourager les employé-e-s à adopter des pratiques respectueuses de l’environnement (49 %) et réduire la consommation d’énergie ou d’eau (39 %). Pour ces trois pratiques, les APD se classent au-dessus de la moyenne canadienne (49 %, 38 % et 35 %, respectivement).
D’autre part :
Seulement 6 % des organismes et entreprises des APD mesurent leur empreinte environnementale (en comparaison avec 5 % de tous les organismes et entreprises canadiens) ;
4 % disposent d’une politique environnementale écrite (contre 6 % des organismes et entreprises canadiens) ;
2 % ont obtenu ou maintenu une ou plusieurs certifications écoresponsables (c. 3 % de tous les organismes et entreprises du Canada).
Indicateurs de qualité des données: Excellente (note A) pour la plupart des pratiques, mais très bonne (B) pour la réduction des déchets, encourager les employé-e-s à adopter des pratiques respectueuses de l’environnement (49 %) et réduire la consommation d’énergie ou d’eau, utiliser des matériaux recyclés ou des déchets comme intrants et concevoir des produits ou des services ayant une incidence minimale sur l’environnement.
Pratiques environnementales prévues pour la prochaine année
Si 72 % des organismes et entreprises des APD ont actuellement quelque type de pratique ou de politique environnementale, seul le tiers (34 %) d’entre eux prévoient mettre en place une nouvelle pratique ou politique au cours des 12 prochains mois. (Pour cette question, la présence de chacune des pratiques et d’une politique a été demandée seulement à ceux qui n’ont pas déjà cette pratique ou une politique écrite en place.)
Comme le démontre le graphique qui suit, le fait de disposer d’une politique environnementale écrite est la pratique environnementale prévue la plus courante parmi les organismes et entreprises des APD. Toutefois, seulement 7 % de ces organismes indiquent prévoir de travailler sur une telle mesure.
Les organismes planifient aussi travailler sur deux pratiques qui sont déjà en place chez bien d’autres : 7 % planifient réduire leurs déchets et 5 %, leur consommation d’énergie ou d’eau.
Indicateurs de qualité des données : Excellente (A) pour toutes les pratiques.
Pratiques environnementales les plus courantes (en général)
Cette section combine les deux questions ci-dessus afin de déterminer quelles pratiques sont actuellement en place ou prévues par les organismes et entreprises des APD.
Le graphique ci-dessous démontre que les trois pratiques environnementales actuelles les plus courantes dans les organismes et entreprises du domaine des APD sont (et de loin) les plus communes parmi celles soit actuellement en place ou prévues : réduire les déchets (60 %), encourager les employé-e-s à adopter des pratiques respectueuses de l’environnement (53 %) et réduire la consommation d’énergie ou d’eau (44 %).
Il est intéressant de souligner que :
Un organisme ou entreprise des APD sur neuf possède déjà ou prévoit mettre en place une politique environnementale écrite (11 %) ;
un organisme ou entreprise des APD sur 11 a mesuré ou prévoit de mesurer son empreinte environnementale (9 %) ;
un organisme ou entreprise des APD sur 33 a obtenu ou prévoit d’obtenir une certification écoresponsable (3 %).
Il n’était pas possible d’obtenir des indicateurs de qualité des données pour ces calculs manuels, mais on pourrait présumer qu’ils correspondent à la note la plus basse dans les deux ensembles de données exposés précédemment, c’est-à-dire excellente (A) pour la plupart des pratiques, mais très bonne (B) pour la réduction des déchets, encourager les employé-e-s à adopter des pratiques respectueuses de l’environnement, réduire la consommation d’énergie ou d’eau, utiliser des matériaux recyclés ou des déchets comme intrants et concevoir des produits ou des services ayant une incidence minimale sur l’environnement.
Obstacles à l’adoption de pratiques plus écologiques
Comme je l’ai écrit l’an dernier (et ce n’est sans doute une surprise pour personne), l’argent est le principal obstacle lié aux pratiques environnementales des organismes et entreprises des APD. Toutefois, en 2023, lorsqu’ils ont été interrogés sur les obstacles potentiels à l’adoption de pratiques plus vertes, la réponse la plus populaire était « aucun » (par 42 % des répondant-e-s du domaine des arts, du patrimoine et du divertissement).
La réponse du manque de ressources financières a été mentionnée par 38 % des répondant-e-s des APD, suivie par la croyance que la clientèle n’est pas disposée à payer plus cher (24 %) et par des contraintes perçues quant au temps et à la main-d’œuvre (23 %). Notons que seul-e-s 13 % des répondant-e-s ont identifié le manque de connaissances ou d’expertise comme obstacle.
Source : Statistique Canada. Tableau 33-10-0548-01, Obstacles auxquels seront confrontés les entreprises ou les organismes lors de l’adoption de pratiques plus écologiques au cours des 12 prochains mois, troisième trimestre de 2022. Les répondant-e-s pouvaient sélectionner plusieurs options. La qualité des données est évaluée comme étant très bonne (B) pour chaque réponse mentionnée ci-dessus.
Questions du sondage
L’analyse des pratiques environnementales découle de questions d’une enquête menée par Statistique Canada entre le 4 juillet et le 8 août 2023 :
Parmi les pratiques environnementales suivantes, quelles sont celles que cette entreprise ou cet organisme a actuellement en place ?
Parmi les pratiques environnementales suivantes, quelles sont celles que cette entreprise ou cet organisme prévoit de mettre en œuvre au cours des 12 prochains mois ?
À ces deux questions, les répondant-e-s pouvaient sélectionner toutes les réponses qui s’appliquaient parmi 15 options, de « réduire les déchets » à « Obtenir ou maintenir une ou plusieurs certifications écoresponsables ». La liste complète des choix de réponses se trouve dans les graphiques fournis au fil de cet article.
Dans la même enquête, la question sur les obstacles était formulée ainsi :
Au cours des 12 prochains mois, lesquels des éléments suivants pourraient être des obstacles pour cette entreprise ou cet organisme lors de l’adoption de pratiques plus écologiques ?
Il y avait neuf choix de réponse à cette question. Les répondant-e-s pouvaient sélectionner tous ceux qui s’appliquent et inscrire un autre obstacle.