« La culture est faite pour être partagée »
Résumé de 13 entrevues sur les impacts et les défis des lieux culturels au Nouveau-Brunswick
Basé sur des discussions approfondies menées avec les cadres supérieurs de 13 lieux culturels du Nouveau-Brunswick, ce rapport examine l’engagement des lieux dans leurs communautés et les défis auxquels ils sont confrontés. Il ressort clairement des entrevues que les lieux culturels de la province s’efforcent d’être des espaces de réflexion et de discussion, et d’avoir un impact durable sur la vie des gens. Il est également clair que les finances constituent un défi important, surtout dans le contexte d’un financement d’exploitation limité.
Ce résumé présente quelques exemples des principales conclusions des entrevues. Le rapport complet offre beaucoup plus de détails.
Les lieux culturels du Nouveau-Brunswick travaillent fort pour développer et maintenir des pratiques enracinées dans la communauté et mutuellement bénéfiques. Plus précisément, ils tentent d’approfondir les relations entre les artistes et les membres du public (ou les participant-e-s aux ateliers, dans le cas d’activités participatives), ce qui peut améliorer le bien-être de toutes et tous.
Les lieux sont fortement influencés par leur emplacement, et ils ont tendance à avoir des relations locales solides. Néanmoins, tous s’efforcent de mieux comprendre leurs communautés et d’approfondir leurs relations.
De nombreux exemples d’activités d’engagement communautaire ont été évoqués lors des entrevues, notamment :
Enseigner aux élèves des pratiques autochtones telles que le tambour, les bénédictions et les activités de pow-wow (Première Nation de Fort Folly);
Offrir des possibilités d’engagement entre les artistes visuel-le-s en résidence et les membres de la communauté (Struts Gallery, Sackville);
Veiller à ce que les artistes locaux et en tournée aient des engagements significatifs dans la communauté, y compris dans les maisons de retraite et les écoles (Imperial Theatre, Saint-Jean);
Utiliser les choix artistiques pour promouvoir des objectifs sociaux tels que l’égalité et les droits de la personne (Gallery on Queen, Fredericton);
Collaborer avec de nombreux organismes communautaires en vue d’atteindre divers objectifs sociaux et artistiques (Galerie d’art Louise-et-Reuben-Cohen, Moncton).
L’accent étant mis sur la vérité et la réconciliation depuis quelques années, les liens entre les organismes autochtones et non autochtones se sont multipliés. Par exemple, de nombreux lieux culturels non autochtones ont indiqué qu’ils s’efforcent de veiller à la représentation des artistes autochtones dans leur programmation. Ainsi, ils font appel à beaucoup d’artistes autochtones pour présenter des œuvres et animer des séances d’apprentissage artistique. Les organismes non autochtones se trouvent à différents stades de leur cheminement, non seulement pour veiller à une représentation autochtone appropriée, mais aussi pour établir des liens avec les peuples et les organismes autochtones.
Les lieux culturels jouent un rôle central dans le soutien aux artistes de la province. Beaucoup de personnes interrogées ont parlé de la façon dont elles promeuvent les artistes de la région et du Nouveau-Brunswick et des opportunités rémunérées qu’elles leur offrent.
Malgré les forces et les efforts mentionnés ci-dessus, les lieux artistiques, culturels et patrimoniaux de la province font face à des défis de taille dans le contexte actuel de l’après-pandémie. La santé financière, le sujet le plus discuté en entrevue, est une préoccupation constante et troublante pour la plupart des lieux. Certains ont déclaré que la culture au Nouveau-Brunswick est gravement sous-financée. Le financement de leur exploitation est un besoin urgent, car beaucoup comptent sur les subventions de projets pour joindre les deux bouts, ce qui nuit à la stabilité à long terme.
Les ressources humaines sont également une préoccupation majeure pour la quasi-totalité des personnes interrogées. Le manque de personnel, le risque d’épuisement professionnel, le manque de ressources financières pour améliorer les conditions du personnel et les pénuries de main-d’œuvre dans certains domaines font partie des défis spécifiques. L’expertise spécialisée peut notamment être difficile à dénicher, surtout dans les zones rurales.
Bon nombre de lieux ont souligné les problèmes de fréquentation et de marketing. Certains ont noté qu’il peut être difficile d’encourager les gens à dépenser de l’argent pour l’art et à intégrer des activités artistiques en dehors de la maison dans leur vie bien remplie. En ce qui concerne les activités participatives, certains lieux ont indiqué que l’utilité de l’apprentissage des arts pour un éventail de choix de carrière et, plus généralement, dans un monde de plus en plus visuel et lettré, est méconnu.
Détails des entrevues
Kelly Hill (président de Hill Stratégies) a mené les 13 entrevues – quatre en français et neuf en anglais. Celles-ci ont duré entre 45 et 60 minutes, et suivaient un protocole semi-structuré basé sur les thèmes ci-dessus. Les entrevues ont été réalisées lors de deux visites dans la province : 1) une visite en juin 2023 dans les régions rurales, notamment dans la Péninsule acadienne, la région de Sackville et Saint Andrews ; 2) une visite en novembre à Moncton, Saint-Jean et Fredericton.
Kelly Hill remercie les personnes interrogées pour leur temps et leurs idées. Dans l’ordre chronologique, les personnes interrogées sont les suivantes :
Annie Chiasson, copropriétaire, Librairie Pélagie, Shippagan
Lucie Roy, responsable des événements, Centre culturel Caraquet, Caraquet
Paul Henderson, directeur, Struts Gallery, Sackville
Nicole Porter, coordinatrice culturelle, Première Nation de Fort Folly
Sierra Reibling, assistante exécutive au directeur général, Kingsbrae International Residence for the Arts & Amphitheatre, Saint Andrews
Caroline Walker, directrice artistique, et Gerald McEachern, directeur exécutif, Sunbury Shores Arts and Nature Centre, Saint Andrews
René Légère, directeur général, et Éric Cormier, directeur adjoint, Centre culturel Aberdeen, Moncton
Andrew Keirstead, directeur général, Saint John Arts Centre, Saint-Jean
Angela Campbell, directrice générale, Imperial Theatre, Saint-Jean
Abigail Smith, copropriétaire, Haven Music Hall, Saint-Jean
Chloe Keith-Barnaby, coordinatrice de projet, Mawi'Art: Wabanaki Artist Collective, Fredericton (plus tard, Natasha Martin-Mitchell, chargée de projet, et Shawn Dalton, directrice exécutive, se sont jointes à la discussion).
Nadia Khoury, directrice et propriétaire, Gallery on Queen, Fredericton
Nisk Imbeault, directrice/conservatrice, Galerie d’art Louise-et-Reuben-Cohen, Moncton (entrevue par Zoom)
Projet plus large sur les impacts et les défis de l’après-pandémie
Ce rapport fait partie d’un projet plus large qui étudie les impacts et les défis post-pandémiques des arts, de la culture et du patrimoine au Nouveau-Brunswick. Les autres activités et rapports de ce projet sont les suivants :
Un profil statistique des 2 700 artistes professionnels du Nouveau-Brunswick en 2021 ;
Une synthèse d’une enquête menée auprès de 71 lieux culturels ;
Cette analyse des entrevues ;
Une analyse d’autres données sur les arts et la culture dans la province ;
Un rapport plus complet sur l’ensemble du projet, prévu pour septembre 2024.
Les résultats visés par ce projet de recherche éclaireront le secteur artistique, culturel et patrimonial de la province pour les dix prochaines années. Les partenaires pourront s’appuyer sur ces ressources pour développer leurs pratiques en matière de partage d’information, leurs politiques et leurs activités de démarchage politique, dans le but d’améliorer les conditions et les pratiques du secteur dans son ensemble.
ArtsLink NB, l’Association acadienne des artistes professionel.le.s du Nouveau-Brunswick (AAAPNB) et la galerie d’art Owens de l’Université Mount Allison sont partenaires de ce projet. Nous tenons à remercier le Conseil des arts du Canada et le gouvernement du Nouveau- Brunswick pour leur soutien.